Bâtir « vert » ne nécessite pas toujours des mesures coûteuses ou compliquées.
Comment construire des bâtiments qui consomment moins d’énergie et selon quels critères ?
Forte de son expérience dans le développement durable et les constructions vertes, Emma Ozsen, consultante à Build-Green, apporte des éléments de réponses à ces questions.
» Bâtir vert », » développement durable » – Quel est l’impact de ces notions à Maurice et ailleurs et comment les appréhender ?
E. O : Ma formation m’a donnée la possibilité d’être directement impliquée dans le développement durable et de proposer aux professionnels dans le secteur de la construction des mesures qui contribuent à la construction durable. Bâtir vert nécessite tout d’abord une réduction au minimum de la consommation d’énergie et d’eau, et la volonté de favoriser des méthodes de ventilation et de réchauffement/refroidissement passives. Il est préférable, et moins coûteux, que les analyses se fassent au stage de conception où différentes options peuvent être comparées et la plus efficace choisie. Toutefois, les nouveaux principes et les idées novatrices ne sont pas toujours favorablement accueillis. Cela demande beaucoup de persévérance et de persuasion afin d’inciter un changement de mentalité et d’évacuer les conceptions erronées tels : « Les bâtiments verts construits pour favoriser le développement durable ne peuvent pas incorporer les commodités de la vie moderne ». Il est important de réaliser que les bâtiments sont les principaux ennemis de l’environnement. En tenant compte de l’utilisation des ressources naturelles requises pour leur construction, la pollution de l’air qu’ils produisent pendant et après leur construction, et l’énergie qu’ils consomment durant leur cycle de vie, les bâtiments produisent plus de dioxyde de carbone que le secteur du transport.
La demande dans le secteur de la construction est toujours incessante, et donc, les coûts énergétiques grimpent et les ressources naturelles diminuent. La construction de bâtiments verts, qui consomment moins d’énergie, a connu une croissance à travers le monde ces dernières années.
Comment s’assurer qu’un bâtiment est vraiment « vert » et contribue au développement durable ?
E. O : Des systèmes d’évaluation ont été mis en place dans plusieurs parties du monde dans le but d’homologuer les bâtiments » verts » et gratifier les initiatives novatrices dans le domaine du développement durable. Le plus ancien de ces systèmes est BREEAM (BRE Environmental Assessment Method), qui a été créée en Angleterre en 1990. Plusieurs autres pays ont suivi le pas en introduisant des systèmes d’évaluation similaires. Ainsi, le US Green Building Council a créé le système LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) en 1998, et par la suite, l’Australie a créé le système Green-Star en 2003. Ces deux derniers ont été principalement basés sur le système BREEAM, avec les modifications nécessaires pour être appliquées dans ces pays respectifs. Ces systèmes d’évaluation comprennent un certain nombre de critères dans diverses catégories (Management, Energy, Water, Transport, Pollution et Occupant Health and Wellbeing). Ces outils d’évaluation ont pour but de considérer l’efficacité globale de l’ensemble du bâtiment. Le bâtiment est évalué à partir de ces critères et la certification est remise si tous les critères requis ont été satisfaits. La certification d’un bâtiment vert n’est pas seulement gratifiant pour le promoteur mais les recherches démontrent qu’un bâtiment vert a un coût d’opération inférieur à celui d’un bâtiment typique de la même envergure et la certification place le bâtiment sur un échelon reconnu à travers le monde.
Maurice, à travers le Budget 2010, veut aller vers la préservation de l’environnement avec le concept » Maurice Ile Durable « . Comment le pays peut-il bénéficier de ces systèmes d’évaluation ?
E.O : La sensibilisation écologique dans le monde a poussé les concepteurs de ces systèmes à faire en sorte qu’ils soient applicables dans plusieurs parties du monde. BREEAM peut maintenant être appliquée dans plusieurs parties du monde, y compris Maurice. D’ailleurs, les initiatives proposées en ce moment sont en faveur du développement durable et des constructions vertes. Par exemple, la Banque Commerciale propose un » green loan » et un » cash back » de 12% aux clients qui veulent investir dans la construction verte. En tant que » BREEAM International Assessor « , je suis en mesure de collaborer avec le BRE (UK) pour la certification des bâtiments à haute qualité environnementale à Maurice. L’obtention d’une certification BREEAM ou LEED pour un bâtiment n’est toutefois pas chose simple ! Ces systèmes font en sorte que les critères d’évaluation aillent bien au-delà des normes environnementales typiques, et que le bâtiment ait donc une très haute qualité environnementale. Il est primordial que des pratiques efficaces du point de vue de la consommation énergétique soient incorporées dès le départ à l’étape de conception et non à l’étape de la construction. Quel que soit la grandeur du projet pour que ce dernier soit concrétisé et les buts requis soit atteints, il est très important qu’il y ait une collaboration entre les différents professionnels impliqués (développeur, ingénieurs, architectes, etc.). Il ressort très souvent les meilleurs solutions aux problèmes se forment en appréciant et en fusionnant les concepts et idées de tout un chacun. C’est la qu’intervient le rôle du consultant, qui est d’une certaine façon un conseiller et un médiateur entres les différents professionnels.
Emma Ozsen
Après avoir complété un BEng Degree en Civil Engineering à l’Université de Maurice et ayant développé un intérêt particulier dans le domaine de l’environnement, notamment le ‘Built Environment’, elle a décidé de poursuivre des études supérieures. En 2005, elle s’est rendue à Londres pour poursuivre un Masters Degree (MSc) en ‘Built Environment : Environmental Design and Engineering’ au University College London (UCL). Après quatre ans passés à Londres, dont trois en tant que Environmental Consultant, elle a décidé de rentrer à Maurice pour partager son expérience dans le domaine du développement durable et des constructions » vertes « .
Source: Le Week end du Dimanche 29 Novembre 2009
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